[4] Le Grand Prix Automobile de l'ACF 1913 à Amiens
Après la retranscription du programme officiel du grand Prix, voyons maintenant comment la presse de l'époque voit l'évènement à quelques jours ou heures du départ de la première course du 12 juillet, celle des automobiles. Il ne s'agit pas d'une revue exhaustive ; plutôt de titres divers pris presque au hasard... Tous ces extraits sont issus des archives de la Bibliothèque Nationale de France, sur le site Gallica. Cliquez sur les vignettes pour afficher des images plus grandes.
Dans son n°5 (12è année) daté de mai 1913, la Revue Association générale automobile (revue liée de près à l'Automobile Club de France) annonce et détaille les compétitions des motos, side-cars et cyclecars (longueur du circuit et nombre de tours).
Autre revue, celle du mensuel de l'Automobile Club du Nord daté de juin 1913 et une analyse intéressante sur le règlement :
"LE GRAND-PRIX DE L'A.C.F. SUR LE CIRCUIT D'AMIENS (12 juillet 1913)
Le prochain Grand Prix qui se courra en juillet sur le Circuit d'Amiens, constituera l'un des gros événements de notre saison sportive. La course sera, cette année, particulièrement intéressante ; c'est, en effet, une course au rendement, une course à la consommation. Les constructeurs devront tirer d'une certaine quantité de combustible, quantité relativement modeste (20 litres au 100 kilomètres), le maximum d'effet utile.
Un règlement semblable oblige les ingénieurs à travailler, non seulement la question du moteur, mais tout l'ensemble de la voiture : transmission, équilibrage et centrage des masses ; chacun des organes du mécanisme doit concourir au meilleur rendement général.
Pour le touriste n'est-ce pas aussi la base de toute comparaison ?
Telle voiture consomme par exemple 15 litres aux 100 kilomètres, elle est capable de soutenir du soixante-quinze en palier avec une multiplication moyenne. Ces chiffres sont de suite, pour un observateur entendu, de sûres indications sur le rendement et, par suite, la qualité de la voiture.
L'épreuve est non moins palpitante par ses éléments eux-mêmes. Les conducteurs doivent déployer toute leur ingéniosité et leur connaissance parfaite de leur voiture, pour en tirer le meilleur parti suivant le profil du terrain et ne pas rester en "panne d'essence", à quelques kilomètres du but où ils connaîtraient peut-être la victoire. Il n'y a pas seulement les coefficients de chance et de malchance, il y a celui, impérieux, de ne pas "vider le réservoir".
Le Circuit d'Amiens, sur lequel aura lieu le Grand Prix, est favorable à la vitesse.
Sa proximité de Paris (132 kilomètres) et de Dieppe (96 kilomètres), lui attirera des spectateurs nombreux. La ville d'Amiens offre aussi des ressources qui rendront le séjour agréable et facile. On ne peut que féliciter les organisateurs de ce choix très heureux.
Le parcours s'étend en un triangle ayant pour sommets : Longueau, Demuin et Moreuil. Les courbes que nous reproduisons montrent bien que le profit général n'est pas des plus pénibles. Il existe de fort belles lignes droites entre Longueau et Domart, Demuin et Moreuil, Berthaucourt et Boves, où les moteurs seront sérieusement mis à l'ouvrage. D'ailleurs, ce circuit très vite est, par conséquent, très dur, car c'est la vitesse soutenue, qui, plus que les côtes et les virages, fatigue les voitures.
D'endroits un peu difficiles, nous rencontrons que Moreuil, avec une montée assez délicate à bien prendre en vitesse et les deux passages sous ponts de chemins de fer près de Boves. Ces passages tombent précisément dans deux virages en S qui nécessiteront des ralentissement, les seuls à noter.
L'un des endroits où les passages des concurrents plairont le plus aux amateurs d'émotions est la sortie de Moreuil.
Les tribunes seront édifiées à la fourche de Longueau, derrière l'établissement d'aviculture. Rien ne sera plus commode que d'y accéder par les routes venant d'Amiens. Rappelons aussi que les virages seront pris normalement, c est-à-dire à droite. A Dieppe, ils étaient au contraire pris à gauche.
Le Circuit d'Amiens nous permettra d'enregistrer de fort belles performances. L'intérêt de la première journée sera complété par la course du lendemain réservée aux motocyclettes, sidecars et cyclecars, dont le succès est actuellement si vif.
Terminons pas quelques aperçus topographiques. De la fourche de Longueau au virage de Demuin, nous comptons 12 kil. 580; du virage de Demuin à Moreuil 4 kil. 460; de Moreuil à la fourche de Longueau, 14 kil. 202, enfin le chemin devant les tribunes qui raccorde la G. C. 203 et la V. 35 mesure 0 km 199. Le circuit complet comprend donc 31 km 621.
Le circuit sera parcouru 29 fois. En déduisant les 209 mètres du premier départ nous trouvons par distance totale 916 km 800. Les voitures prenant part à la course devront, suivant les nations qu'elles représentent, être peintes des couleurs suivantes :
Allemagne : Blanc / Belgique : Jaune et rouge / Etats-Unis d'Amérique : Blanc et bleu / France : Bleu / Grande-Bretagne et Irlande : Vert / Italie : Rouge / Suisse : Rouge et blanc.
La liste des engagements est la suivante :
1. SUNBEAM I
2. SUNBEAM II
3. SUNBEAM III
4. PEUGEOT I
5. PEUGEOT II
6. PEUGEOT III
7. DELAGE I
8. DELAGE II
9. MATHIS I
10. ITALA (type Alvave) I
11. ITALA (type Alvave) II
12. ITALA (type Alvave) III
13. OPEL
14. TH. SCHNEIDER I
15. TH. SCHNEIDER II
16. TH. SCHNEIDER III
17. SUNBEAM IV
18. EXCELSICR I
19. EXCELSIOR II
20. TH. SCHNEIDER IV
Le départ sera donné à 5 heures du matin."
Cet article comporte un plan du circuit et un plan des tribunes.
Publicité pour les vêtements J. Paquin, Bertholle & Cie
Association Générale pour l'Automobile - juillet 1913 / Gallica
Le bulletin de juin 1913 du Moto-Club du Nord détaille largement le circuit et les constructeurs engagés. On apprend également qu'il organise une excursion en groupe pour assister aux courses du 13 juillet ("se munir de phare ou lanterne" !) où l'on évoque les difficultés à trouver un hébergement, même à Albert :
"LE GRAND-PRIX DES MOTOCYCLETTES & CYCLE CARS - Circuit de Picardie
Pour le "Grand Prix des Motocyclettes et Cyclecars", le dimanche 13 juillet, le premier départ sera donné à XX (NdR : illisible sur le document original) heures.
Le tirage au sort de l'ordre des départs, effectué à l'Automobile-Club de France par la commission sportive, le 16 juin, a donné les résultats suivants :
GRAND PRIX DES MOTOCYCLETTES
Première catégorie (350 cm3) : I. Alcyon I ; 2. Douglas I ; 3. Terrot I ; 4. Peugeot I ; 5. Terrot II ; 6. Alcyon II ; 7. Peugeot II ; 8. Douglas II ; 9. Alcyon III ; 10 Automoto I ; 11. Motosacoche I ; 12. Gladiator I ; 13. Clément I ; 14. Douglas II ; 15. Motoscoche II ; 16. Alcyon IV.
Deuxième catégorie (500 cm3) : 17. B.S.A. I ; 18. Terrot III ; 19. B.S.A. II ; 20. Motosacoche III ; 21. Debeaune I ; 22. Triumph I ; 23. Rudge I : 24. Zénith I ; 25. Premier I ; 26. Clément II; 27. B.S.A. III ; 28. Terrot IV ; 29. N.S.U. I ; 30. Griffon I ; 31. Griffon II ; 32. René Gillet I ; 33. René Gillet II ; 34. N.S.U. II; 35. Peugeot III ; 30. Peugeot IV ; Rudge II ; 38. Triumph II ; 39. Premier II ; 40. Zénith II ; 41. Dot I ; 42. Gladiator II ; 43. Rudge III ; 44. René Gillet III ; 45. Premier II ; 46. Motosacoche IV ; 47. Triumph III ; 48. Griffon III ; 49. Griffon IV.
GRAND PRIX DES SIDECARS ET CYCLECARS
Sidecars : 1. N.U.S. III ; 2. René Gillet IV ; 3. B.S.A. IV ; 4. Morgan I ; 5. Regal Green I ; 6. Glyno I ; 7. Morgan II ; 8. Morgan III ; 9. Morgan IV ; 10. Zénith III ; 11. Zénith IV ; 12. René Gillet V.
Cyclecars : 13. Bedelia I ; 14. G.N. I ; 15. Duo Cars I ; 16. D.E.W. I ; 17. Violet-Bogey I ; 18. G.N. II ; 19. Noël I ; 20. Mathis I ; 21. Super I ; 22. La Roulette I ; 23. La Roulette II ; 24. Du Guesclin I ; 25. Ronteix I ; 26. Ronteix II ; 27. Duo Cars II ; 28. Marlborough I ; 29. Bolton-Précision I ; 30. Violet-Bogey II ; 31. Bedelia II ; 32. Bedelia III ; 33. Sphinx-Globe I ; 34. Automobilette I ; 35. Automobilette II ; 36. Bedelia IV ; 37. Sphinx-Globe II ; 38. Violet-Bogey III
EXCURSION DU M.C.N.F.
A l'occasion du Grande Prix Motocycliste qui se courra à Amiens, le 13 Juillet prochain, nous organisons un voyage en groupe, dont voici le programme :
Aller : Départ le samedi 12 juillet, à 5 heures du soir, arrivée à Albert vers 9 heures, souper et logement. Départ d'Albert pour Amiens le dimanche matin au lever du jour.
Retour : Deux groupes seront formés : l'un qui quittera Amiens, le dimanche, vers 3 heures après-midi, et retournera directement à Roubaix ; l'autre qui permettra d'assister à la course de cyclecars, ne quittera Amiens que vers 7 heures, le soir, pour retourner coucher à Albert. Retour à Roubaix, lundi 14 juillet, dans la matinée.
Les adhésions devront être remises au siège social pour le 3 juillet au plus tard ; la recherche du logement qui offre déjà de très grandes difficultés ne sera faite que pour les adhérents certains.
Recommandation. — Se munir de phare ou lanterne. On trouvera à l'intérieur du circuit un garage officiel pour les motos. Coût : 2 francs. — Prix des Places : Tribunes, 3 fr. ; Enceinte, 2 francs."
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extrait de l'ouvrage Histoire de l'Automobile de Pierre Souvestre, Paris 1907 / Gallica
La revue Nord Touriste, toujours de juin 1913, évoque aussi l'événement par cet article :
"Le Grand Prix de l'Automobile Club de France, Les vallées de la Somme, de l'Authie et de la Ternoise
Une intéressante excursion cycliste aura lieu les 12, 13 et 14 juillet prochain.
Le départ aura lieu le samedi 13 juillet, par le train partant de Lille à 1h33. Arrivée à Amiens à 3h1/2. Souper et coucher dans cette ville.
Dimanche, lever à 5 heures. Départ à 6 heures pour la Grenouillère. Spectacle du "Circuit" de Picardie, où se courra le Grand Prix de l'Automobile-Club de France (motocyclettes et sidecars).
Départ du "Circuit" à 9 heures par la Vallée de la Somme pour Abbevilie où les excursionnistes arriveront vers midi. Dîner à Abbevilie. Départ à 3 heures pour Argoules. Arrivée à 5 heures à l'Abbaye de Valoire, visite puis départ pour Montreuil par Nampon et Wailly. Arrivée à Montreuil vers 7 heures. Souper et coucher dans cette ville.
Le lendemain, lever à 6 heures. Départ à 7 heures par Saint-Pol. Halte dans cette ville. Départ pour Béthune. Dîner dans cette ville. Départ de Béthune en chemin de fer jusqu'à Haubourdin. Retour à bicyclette.
Capitaines de route : MM. Debril, Locufier, Bernast, Degraeve, Ad. Brict et Fournier.
Ceux qui désirent participer à cette excursion sont priés de se faire inscrire le plus tôt possible pour la réduction du prix du parcours en chemin de fer."
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Association Générale pour l'Automobile - juillet 1913 / Gallica
Le 14 juin, La Vie Sportive du Nord et du Pas de Calais, un hebdomadaire sportif illustré, publie cet article élogieux pour M. Sautin, commissaire général et, anecdotes "croustillantes", décrit la qualité de l'organisation et des commerces, en particulier la restauration. La surenchère des prix de l'hébergement et de la restauration est évoquée.
"Le Circuit de Picardie
N'ATTENDONS PAS PLUS LONGTEMPS POUR DONNER QUELQUES DETAILS PRATIQUES A NOS LECTEURS DESIREUX DE S'Y RENDRE
Les préparatifs pour les Grands Prix de l'Automobile Club de France, qui auront lieu cette année, oomme tous nos lecteurs le savent, sur le magnifique circuit, de Picardie, le 12 juillet pour les voitures et le 13 pour les motocyclettes, cyclecars et sidecars, sont poussés avec la plus grande activité. Le grand virage relevé, situé à la fourche à 1 kilomètre de la gare de Longueau et à 5 kilomètres environ d'Amiens, est terminé. Il passe aux pieds des tribunes d'où les spectateurs pourront suivre longuement les concurrents avant l'entrée et à la sortie. Et ces spectateurs seront nombreux, car l'épreuve offrira un réel intérêt, à beaucoup de points de vue. D'ores et déjà, on peut affirmer que le Circuit d'Amiens sera très favorable aux grandes vitesses et qu'il faut s'attendre à voir battre des records : il existe de belles lignes droites où les moteurs pourront s'employer, il y a peu d'endroits dangereux ; d'ailleurs toutes les précautions sont prises pour éviter les encombrements et l'on commence à travailler très activement sur tout le Circuit pour préparer, élargir les passages étroits et mettre en état la chaussée. Le plan que nous publions montre le soin qui a été apporté à l'organisation par le très actif et très sympathique commissaire général, M. Sautin. Les tribunes, qui sont déjà édifiées, seront parfaitement aménagées, toutes les places en sont numérotées. Un buffet, dont l'entreprise a été confiée à une maison parisienne très sérieuse, sera particulièrement bien achalandé, les spectateurs y trouveront au prix de 10 francs un excellent déjeuner, on nous a certifié de la façon la plus formelle que le service y sera fait d'une façon très sérieuse. Tabac, cigarettes et cartes postales seront offerts au public dans l'enceinte des tribunes, comme à la pelouse où se trouvera également un buffet, à prix raisonnables.
Le garage des voitures se trouve à proximité des tribunes, son organisation ne laissera rien à désirer. Le Syndicat d'initiative de Picardie, dont le siège est à Amiens, rue Alphonse Paillat, se tient à la disposition des étrangers pour leur indiquer les chambres disponibles avec les prix demandés. Les journaux locaux n'ont pas craint de blâmer certains commerçants qui voulaient profiter de l'affluence des étrangers pour majorer leurs prix d'une façon scandaleuse. Cet appel a été entendu et a porté ses fruits en mettant la "puce à l'oreille" de ceux qui auraient été tentés de les suivre dans cette voie. Le plus grand café d'Amiens, qui possède en même temps un excellent restaurant, a même fait afficher un avis annonçant que durant tonte la durée du Circuit les prix des consommations et du restaurant ne seraient pas majorés.
Nul doute que beaucoup d'autres commerçants suivront cet exemple, ils n'auront qu'à y gagner, car les étrangers emportant un bon souvenir d'Amiens y reviendront.
Le principe des commerçants amienois sera : "Travailler beaucoup, mais sans majorations de prix exagérées"
A. G.
Le 21 juin, toujours dans les colonnes de La Vie Sportive du Nord et du Pas de Calais, un long article reprend une étude publiée par la revue Omnia.
Celle-ci s'est penchée sur l'organisation et la nature du circuit. Il en résulte un avis très favorable sur ce parcours bien pensé, sécurisé et comprenant malgré tout des passages probablement spectaculaires. Suivent la liste des engagés et quelques consignes pour se rendre au circuit. L'article est illustré d'un plan aux traits précis.
Dans son n°7 (12è année) daté de juillet 1913, la Revue Association générale automobile explique comment se rendre au circuit. Après une longue liste de communes constituant les itinéraires recommandés, la revue détaille le prix des entrées et le service médical mis en place :
"Amiens, 6 juin - M. Sautin, commissaire général du Grand Prix, vient de décider les emplacements des postes médicaux. Onze postes sont prévus et répartis comme suit :
1. Dans le bois de Gentelles, au croisement du chemin sous bois
2. Croisement du chemin vicinal numéro 2, à gauche direction de Gentelles, à droite Hailles et Thésy (NdR : faute d'orthographe sur le nom de Thézy), à l'intersection du chemin des motos
3. A Domart-sur-la-Luce
4. Au virage de Demuin
5. Intersection du chemin 28, venant de Villers-aux-Erables, avant Moreuil
(NdR : pas de n°6...)
7. A Berteaucourt
8. Au croisement du chemin vicinal à gauche direction de Hailles et de Thesy, à droite de Gentelles ; intersection du Circuit des motos (NdR : information déjà citée au n°2 !)
9. Au premier passage inférieur sous le chemin de fer, avant Boves
10. A Boves
11. Au deuxième passage inférieur sous le chemin de fer après Boves."
Article signé par Lucien Hacquart.
Le Figaro, célèbre quotidien, fait part dans son édition du 7 juillet du récent accident de Zuccarelli.
Il se trouve en effet que l'équipe réputée de mécanos et de pilotes de Peugeot a procédé à des essais sur des routes "ouvertes" dans le département de l'Eure, près de Nonancourt. Le célèbre pilote italien Paolo Zuccarelli et le non moins célèbre (et victorieux en 1912) Georges Boillot se lancent à grande vitesse, chacun sur leur Peugeot, le 19 juin 1913. Pour éviter un autre véhicule (d'après certains, il s'agit une charette), Zuccarelli donne un coup de volant et la voiture part contre le talus où elle se retourne. Zuccarelli est tué sur le coup, écrasé par la Peugeot, et le mécanicien Fanelli est annoncé comme étant décédé de ses blessures (voir les extraits de Gil Blas, du Figaro, et du Petit Parisien, tous du 20 juin 1913, ci-dessous).
Le Gil Blas du 20 juin :
"L'auto fatale - mort de Zuccarelli et Fanelli
Un terrible accident d'automobile vient de se produire aux environs d'Evreux. Zuccarelli, le célèbre coureur de la maison Peugeot, s'est tué sur la route de Nonancourt. Il essayait et mettait au point, en compagnie de son mécanicien Fanelli, la voiture qu'il devait piloter le 12 juillet prochain pour le Grand Prix de l'Automobile, à Amiens. Au croisement d'une route, il voulut éviter une autre voiture qui allait lui barrer le chemin. Son allure était fort vive et le violent coup de volant qu'il donna projeta son automobile sur le talus où elle se retourna complètement. Zuccarelli et Fanelli furent écrasés sous le poids du véhicule. Le premier fut tué sur le coup ; le second, transporté à peu de distance, ne tarda pas à succomber. Zuccarelli était revenu dernièrement d'Amérique où il avait pris part à d'importantes courses. Il était tout jeune,26 ans à peine, et était attaché à la maison Peugeot depuis 1910.
Louis Peltier"
Le Figaro et Le Petit Parisien :
Le Figaro, à gauche, et Le Petit Parisien, à droite.
Le 5 juillet, La Vie Sportive du Nord et du Pas de Calais publie un article qui mentionne que Monsieur René Ransson, présenté à tort comme étant Président de l'Automobile Club de Picardie, l'homme qui a fourni tant d'efforts pour que le Grand Prix de l'ACF se déroule en terre picarde, sera le commentateur du Grand Prix dans les colonnes du journal. Eloges !
La Presse, quotidien ayant paru de 1836 à 1932, publie le 11 juillet un article sur Grand Prix de l'ACF :
Cet article indique que le pesage et le poinçonnage des voitures aura lieu le vendredi. Le parcours et la longueur du circuit sont indiqués. Le règlement (basé sur la consommation) est également expliqué. Anecdote : le carburant (183,6 litres) fourni à chaque voiture sera mesuré par des réservoirs et des éprouvettes contrôlés par le Laboratoire des Arts et Métiers. On tient compte de la température. Une fois le réservoir rempli, les voitures resteront surveillées pour la nuit dans un enclos éclairé.
Pour la liste des engagés, on note le nom de Chassagne sur Sunbeam en première position... En réalité, Caillois partira en premier sur Sunbeam et Chassagne en 15è. La liste des constructeurs engagés en motos, cyclecars et side-cars est également indiquée.
Le Figaro du 11 juillet annonce les épreuves du lendemain. Cet article fort complet explique le réglement décidé par l'ACF (poids compris entre 800 et 1100 kg, course "à la consommation", moteur de 4 cylindres minimum). L'auteur, Frantz Reichel, rappelle les victoires de Peugeot en 1912 et celle, plus récente, au grand Prix d'Amérique à Indianapolis, mais déplore que bon nombre de constructeurs français manquent à l'appel. Il est convaincu que ce type de course ne peut que promouvoir l'automobile et apporter des progrès considérables aux voitures grand-public. L'article décrit ensuite le circuit et le nombre de tours, puis l'emplacement des tribunes très bien choisi et retrace un historique des précédents grands prix. Enfin, très enthousiaste, l'auteur place sa confiance dans les voitures françaises et leurs pilotes "de premier ordre", même s'ils doivent faire face à d'autres pilotes de grande valeur. En conclusion, "je crois à une victoire française".
Retrouvons les colonnes de la Vie Sportive du Nord et du Pas de Calais avec un long article publié le 12 juillet. L'hebdo tire le portrait des pilotes favoris et montre leurs visages masqués. En effet, les projections diverses de la route et des moteurs obligent les pilotes (mais pas tous !) à porter des masques de tissus ou de cuir pour s'en protéger. Après un long historique des précédentes compétitions, le journal rappelle que l'Automobile Club de Picardie s'est battu pour que le Grand Prix de 1913 soit organisé dans la région Nord. Et le journal présente ses excuses pour avoir annoncé par erreur que M. Ransson en était le Président. En réalité, M. Ransson est Président de la Société aérienne de Picardie et c'est M. Vasselle qui préside l'AC de Picardie. Il a fallu à l'AC de Picardie réunir la somme de 53.000 francs, somme demandée par l'ACF. Enfin, il est donné quelques conseils pour bien se placer le long du circuit. La qualité de l'article est très moyenne, mais reste lisible.
Le Gil Blas, quotidien à tonalité littéraire, dans son édition du 12 juillet, décrit l'évènement avec grand détail et nous éclaire sur l'ambiance à Amiens :
"Le Grand Prix de l'A. C. F.
La veillée des armes
Amiens le 11 juillet.
Pas une chambre à louer dans toute la ville ; il faut être millionnaire pour avoir droit de reposer sa tête sous un toit, et encore faut-il joindre à la puissance de l'or, la force de la persuasion. L'habitant se laisse convaincre et déposséder de son lit, mais il est d'un naturel assez exigeant, et les circonstances sont telles qu'il est impossible de n'en point abuser. Il ne faut pas songer à se loger à l'hôtel. Il reste seulement, à sept heures du soir, quelques rares chambres que les hôteliers réservent pour ne les louer qu'au dernier moment. Chez les particuliers, une chambre à coucher se loue cent francs pour la nuit. Et il faut payer deux louis pour avoir le droit de remiser son automobile dans une cour. Le propriétaire d'une maison située au bord de la route, près des tribunes, a loué les quatre chambres de son habitation onze cents francs pour deux jours. Encore se réserve-t-il le droit de louer la moitié de ses fenêtres si M. Raymond Poincaré assiste au Grand Prix. Cependant, cette source nouvelle de revenus lui sera refusée, car le Président ne viendra pas.
Sur le bord de la route que suivront les concurrents, des touristes prenaient, hier soir leurs dispositions pour un camping que le beau temps, s'il continue, rendra charmant. Dans le bois de Gentelles, de nombreuses autos sont arrêtées, de petites tentes se dressent. On fait la dînette sur l'herbe. On sable le Champagne. Chauffeurs et chauffeuses s'apprêtent à passer la nuit sur la dure. Nulle mauvaise humeur ne manifeste à cause de cette pénurie de lits, mais il se pourrait bien qu'on vît dans les tribunes, le matin, des mines de papier mâché et des yeux gros de sommeil.
Les opérations de pesage et de poinçonnage ont occupé toute la journée à partir de huit heures, derrière les tribunes. Opérations longues et compliquées, toutes hérissées de formalités. On sait, en effet, que le poids des véhicules à vide ne doit pas dépasser 1.100 kilos et que les concurrents ont droit à vingt litres d'essence aux cent kilomètres.
L'installation des tribunes paraît fort bien comprise. C'est une véritable petite cité sportive qui a été ainsi édifiée à trois kilomètres d'Amiens, sur le territoire de Boves, à quelques centaines de mètres de "la Fourche", point où viennent se rejoindre deux des côtés du circuit. Juste en face des tribunes, la Commission sportive a fait établir un virage relevé, qui permet aux coureurs d'éviter la « Fourche » et de passer ainsi d'un des côtés à l'autre du circuit. Ce virage, c'est la nouveauté du Grand Prix de 1913. On l'examinait avec curiosité hier. On le discutait même. Les avis étaient partagés sur la vitesse à laquelle les coureurs pourraient le prendre.
Un des avantages du circuit de cette année, c'est que le tour n'est que de 31 kil. 621. Les concurrents passeront donc vingt-neuf fois devant les tribunes, et l'émotion pour les spectateurs sera ainsi fréquemment renouvelée
Nous ne reviendrons pas sur la liste des engagés, que nous avons donnée hier dans notre rubrique Sports. Tous se sont fait peser hier, et tous, sans doute, se présenteront au poteau du départ. On a pu craindre un instant la défection des « Itala », mais elles ont passé sur la bascule. En résumé, la course sera disputée par neuf voitures françaises (couleur bleu), quatre anglaises (vert), trois italiennes (rouge), deux allemandes (blanc) et deux belges (jaune).
Notons, parmi les sportsmen présents hier au pesage : MM. de Knyff, Sautin, Séré de Rivière, Rigal, Xoechlin, Th.Schneider, Giraud, Longuemare, Cézanne, Braun, Ettenier, Hautvast, Dutrieux, etc., etc.
Très entourés aussi les coureurs. Toutes les célébrités actuelles de l'auto sont là : Boillot, le triomphateur du dernier Grand Prix ; Goux, qui se couvrit de gloire en Amérique ; Nazzaro, le champion italien ; Gabriel, Champoiseau, Caillois, Bablot, Lee Guiness, Thomas, Croquet, etc., "etc.
Les conducteurs de Peugeot, et en particulier Boillot, sont favoris. Mais Nazzaro a aussi de nombreux partisans.
A l'heure où le lecteur de Gil Blas ouvrira son journal, les rois du volant rouleront sur les routes de Picardie. La course sera magnifique et chaudement disputée, n'en doutons pas. Rarement épreuve automobile aura suscité un semblable intérêt. C'est une raison de plus pour que nous déplorions l'abstention de certaines de nos grandes marques françaises, qui s'obstinent à bouder une course qui, cependant, est une admirable publicité pour notre industrie automobile.
André Linvillou"
-> On retient ainsi la difficulté à trouver un logement dans Amiens prise d'assaut par les amateurs et "sportsmen", la location de chambres chez l'habitant au tarif de 100 francs, l'impossibilité de trouver une chambre d'hôtel et des tarifs plus encore plus élevés à proximité du circuit. Par ailleurs, on apprend que des touristes vont passer la nuit à la belle étoile tout au long du circuit et en particulier au bois de Gentelles.
Le circuit est bien pensé, bien préparé (c'est nouveau pour ce type de grand prix !) et les tribunes bien placées. Les opérations de pesage se sont bien déroulées mais les 3 voitures Itala passent tout juste cette étape car, en réalité, elles sont un peu trop lourdes. Il faudra leur retirer des éléments de carrosserie pour les alléger !
De nombreuses personnalités sont présentes et citées, ainsi que les pilotes favoris. Enfin, l'auteur rappelle et déplore l'absence de certaines grandes marques françaises qui, la presse l'évoque largement, sont convaincues de l'inutilité des courses...
Publicité pour les Phares Auteroche,
Revue Association Générale Automobile, décembre 1913
L'Action Française, journal politique, nationaliste et anti-républicain et interdit par la suite en 1944 pour son soutien à Vichy, publie le 12 juillet un petit article annonçant le Grand Prix :
-> On y apprend qu'un coureur du Grand Prix des motocyclettes, Homel (Honel, selon l'ouvrage de Pierre Bou), 20 ans, se tue sur le vendredi. En réalité, il procédait à des essais non loin d'Amiens, sur sa moto Gladiator, quand il a lâché le guidon pour en tester la stabilité. Par malchance, il est passé sur un trou qui l'a déstabilisé et fait tomber sur la tête. Il est décédé à l'Hôpital d'Amiens.
L'Humanité, quotidien fondé par Jean Jaurès en 1904 et défenseur des ouvriers, annonce les épreuves dans son édition du 12 juillet. Après les opérations de pesage, on rappelle qu'un certain "Homel" (Honel, selon l'ouvrage de Pierre Bou) s'est tué lors d'un essai de sa moto (cette fois, le jeudi, selon l'Humanité - date également mentionnée par l'ouvrage de Pierre Bou).
La Presse publie le 12 juillet un petit article de Daniel Cousin sur les opérations de pesage, mais décrit aussi l'ambiance qui s'installe à Amiens et autour du circuit !
Dans l'édition du 12 juillet du Figaro, on parle de l'ambiance qui règne à Amiens à la veille de la course : "Une foule immense a envahi Amiens...", "L'animation d'Amiens dépasse tout ce que l'on peut imaginer". On ne trouve plus à se loger, ni même une table pour se restaurer. Les plus malins vont vers les villages à la campagne pour acheter des produits de la ferme "le tout arrosé de cette pétillante bière du Nord, si fraîche et si agréable". La police doit fermer des rues ; on circule difficilement... Suit une description des tribunes et du virage situé devant celles-ci. Très inspiré ("les deux routes plongent vers la plaine profonde, dorée des blés et des avoines déjà mûrs, et qui s'en va en de longues ondulations vers l'horizon"), le journaliste envoyé spécial Frantz Reichel, évoque la pesée des voitures : "le pesage est le seul moment où chacun peut voir de près, examiner avec soin, les athlètes automobiles préparées avec soin dans le mystère des usines, et entraînées dans le secret sur les grandes routes solitaires".
Après avoir rappelé l'ordre de départ, le journaliste conclue : "Les heures calmes de la fin du jour commencent. Le silence descend sur le plateau de Longueau. Un vent léger nous apporte des champs le parfum délicieux et caressant des herbes meurtries et des foins coupés, encore quelques instants et ce sera l'émouvante quiétude des soirs en pleine campagne, lorsque s'allument les vers luisants et que s'appellent, gutturales, les petites grenouilles des prés." C'est beau non ? :-)
En complément de l'article, on trouve des infos sur les choix d'équipements des différents constructeurs : roues Rudge Whitworth, pneus Pirelli, carburateurs Claudel, huile Gargoyle Mobiloil. On apprend que l'éclairage du parc sera assuré par des phares à oxyessence par Blériot.
Publicité pour les carburateurs Claudel, Le Siècle, 12 juillet 1913.
Dans l'édition du 12 juillet du Gaulois, on trouve une longue et intéressante analyse sur le fait que peu de constructeurs se soient engagés dans ce Grand Prix, malgré les récentes victoires pour les français. La clôture des engagements était fixée au 31 octobre 1912 avec un minimum de 40 concurrents pour que l'ACF organise la course. Or, le 31 octobre au soir, on ne compte que 20 équipages. L'ACF, qui tient à organiser cette compétition, revoit son réglement et, après un report, décide de maintenir la course avec les 20 équipages, contre 47 au Grand Prix de juin 1912 ! Le Gaulois retient malgré tout que les 20 concurrents sont de redoutables pilotes, tous au volant de belles machines avec lesquelles les constructeurs ont courageusement décidé de relever le défi de la course au poids et à la consommation imposée par l'ACF.
L'article reprend ensuite le parcours et la longueur du circuit. Certains virage osont rudes, et ont d'ailleurs été renforcés à la corde par des bandes de béton. Que sera la course ? Très rapide, pense M. Mery qui signe l'article. Aux essais, Goux, Ballot, Boillot et d'autres ont approché 125 km/h ! On attend une moyenne de 110 à 115 km/h sur l'ensemble du circuit.
Du changement cette année : il n'y a pas de Coupe de l'Auto (réservée aux voitures de moins de 3 litres de cylindrée). Elle se courra en dehors du grand Prix de l'ACF à Boulogne en 1913, alors qu'elle constituait la deuxième course du Grand Prix de 1912. L'innovation cette année, c'est l'organisation du Grand Prix des Motocyclettes, des Cyclecars et des Side-cars, le renouveau du sport motocycliste justifiant ces courses au moment du Grand Prix.
Un peu plus loin, à la rubrique "sports", on trouve cette information :
"AUTOMOBILISME - Les aviateurs et le Circuit de Picardie
La commission sportive aéronautique porte à la connaissance des pilotes-aviateurs licenciés qu'il est interdit de voler, à une hauteur inférieure à 1000 mètres, au-dessus de l'autodrome d'Amiens (route n° 203, chemin n° 23, route n°35) pendant la durée des courses organisées par l'Automobile-Club de
France les 12 et 13 juillet. Les pilotes qui contreviendraient à ces instructions s'exposeraient à se voir retirer leur licence."
Impressions de première heure dans Le Petit Journal du 12 juillet (article daté du 11 juillet), où Paul Manoury décrit l'ambiance à Amiens "ville paisible entre les plus paisibles" et qui "est devenue depuis quelques heures une très bruyante cité" :
Le quotidien Le Siècle publie le 12 juillet un bref article (daté du 11 juillet) assez critique sur la capacité d'hébergement dans la ville d'Amiens et surtout sur le fait que les amiénois louent des chambres à un prix éxagérément élevé. Mais comme Raymond Poincaré, le Président de la République, ne viendra pas...
Le Siècle, anticlérical et opposé au régime monarchique, est un quotidien apparu en 1836. Il existera jusqu'en 1932.
Le 12 juillet, Le Temps, quotidien républicain conservateur ayant paru de 1861 à 1942, publie sous la plume de Paul Rousseau un long article daté du 11 juillet. A l'instar de ses confrère, le journaliste rappelle l'historique des précédentes courses et grands prix et les conditions de course retenues pour 1913. Suivent la liste des concurrents engagés, absence de bon nombre de constructeurs français, parcours, installations officielles...
On apprend que des chevaux sont à la disposition des commissaires pour déplacer les voitures après remplissage des réservoirs car les concurrents n'ont pas intérêt à mettre en marche leur moteur avant le départ demain matin, départ considéré comme donné lorsque se manifestera le chronométreur, même si la voiture ne parvient pas à démarrer ou à s'élancer ! La troupe garde toute la nuit l'ensemble du circuit et en fermera l'accès dès 4h30 du matin.
Peugeot et Delage sont favoris... Sans faire de pronostic, Paul Rousseau s'attache à décrire très en détail les voitures (lire l'article ci-dessous).
Le Gil Blas, dans son édition du dimanche 13 juillet, présente un long article dont le début nous donne à nouveau des détails sur l'excitation qui règne à Amiens la veille du grand Prix :
"Amiens, 12 juillet.
Dès vendredi soir, Amiens connaissait une animation extraordinaire. De nombreuses automobiles étaient déjà là et les voitures continuaient à arriver en foule. L'aspect de la ville est des plus pittoresques. Les cafés regorgent de monde, d'un public inhabituel qui parle haut et rit. Les arrivants qui ne se sont point précautionnés d'un logis à l'avance déambulent à la recherche d'une chambre. Dans le principal hôtel de la localité, on demande, pour la nuit, cent francs par chambre. Néanmoins, on parvient à se loger dans des prix plus doux. De nouvelles automobiles arrivent sans cesse."
En résumé, à la veille du départ, on peut constater au travers de ce panorama de la presse qu'il règne à Amiens une ambiance de fête et une grande animation. Pour une fois, Amiens accueille une foule estimée à 100.000 personnes et tente d'héberger, de nourrir, de rafraîchir et de divertir un flot de visiteurs. Et il faut croire que tout se passe plutôt bien. La ville d'Amiens, l'organisation du Grand Prix, les installations et la qualité du circuit étant unanimement salués. Le temps est agréable ce vendredi 11 juillet, alors que la pluie de la veille n'était pas de bonne augure.
Les champions sont au rendez-vous : le public peut admirer les voitures de près, rencontrer les pilotes - véritables stars, on lit leur fierté et leur résignation sur le visage - avant de s'installer aux abords du circuit pour être en bonne place le samedi matin. Les plus chanceux auront une place dans les tribunes drapées de velours rouge d'Amiens. Tout le monde est prêt : commissaires, pilotes et mécaniciens, restaurateurs, gardes mobiles, public...
Demain, si le soleil est au rendez-vous, nous assisterons à une magnifique course !
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