[5] Le Grand Prix Automobile de l'ACF 1913 à Amiens
Avant le départ de la course, voyons en images comment se déroulent les derniers préparatifs.
Autour du circuit, dès la veille de la course des automobiles, les Gardes mobiles prennent place en de nombreux endroits
pour sécuriser le parcours et positionner correctement les nombreux spectateurs. Notez que l'on a installé
de petites barrières et parfois des ballots de paille. (images : Archives départementales de la Somme)
La journée du vendredi est également un grand moment pour les amateurs car ils peuvent observer de près les voitures et les pilotes qui se prêtent volontiers au séances de photos. Ce même jour s'effectue le pesage des voitures et le remplissage des réservoirs sous le contrôle des commissaires de course. Le fait que le carburant soit fourni en une fois en début de course explique la forme particulière des réservoirs (sortes de bidons sur lesquels seront peints les numéros des concurrents) et leur emplacement à l'arrière des voitures.
Plein d'essence sur la Sunbeam de Chassagne / Image : Gallica
Voyons plus en détail, et dans l'ordre de départ, ces courageux pilotes qui s'élanceront demain sur le Circuit de Picardie. Je vous renvoie sur le précieux livre de M. Bou pour la descrition détaillée des voitures !
Gustave Caillois, élégant et souriant, et son mécanicien Smith, sur Sunbeam type Grand Prix d'Amiens
pour l'Angleterre (110 HP max/6 cylindres/12 soupapes) dont le moteur a été mis au point par l'ingénieur
français Louis Coatalen (voir photos plus bas) / Images : Gallica
Paul Bablot et son mécanicien Lausson, sur Delage type "Y" pour la France
(120 HP max/4 cylindres/12 soupapes) / Images : Gallica
Carl Jörns et son mécanicien Breckheimer, sur l'unique Opel engagée pour l'Allemagne
(110 HP max/4 cylindres/16 soupapes) / Images : Gallica
Ajout du 6 mai 2014 : voici une Opel GP Rennwagen 1913 présentée par Opel le 1er mai 2014
lors du centenaire du Grand Prix de Lyon de 1914, en course sur le circuit de l'époque :
A l'approche de ce rond-point, la vitesse restait soutenue ! / photos persos
Dragutin Esser et son mécanicien Henrard, sur Mathis. A noter que Mathis, Strasbourgeois d'origine,
dut concourir à regrets sous les couleurs de l'Allemagne (l'Alsace étant allemande depuis 1870)
ce qui n'alla pas sans poser de problèmes durant la course... C'est la plus petite voiture de la compétition
(Type BM-65, 4 cylindres, 1460 cm3) / Images : Gallica
Joseph Christiaens et son mécanicien Dils, sur Excelsior, fleuron de l'automobile
pour la Belgique (4 cylindres pour 5 litres de cylindrée) / Images : Gallica
René Croquet et son mécanicien Didier, sur Th. Schneider pour la France (4 cylindres, 8 soupapes, 120 HP max.) / Images : Gallica
Ajout de mai 2014 : voici une Th. Schneider 1913 lors du centenaire du Grand Prix de Lyon de 1914,
en course sur le circuit de l'époque (photos perso.) :
On note des équipements supplémentaires sur cette voiture, par rapport aux photos du GP d'Amiens...
Felice Nazzaro et son mécanicien Cosso, sur Itala pour l'Italie (4 cylindres, 7,85l de cylindrée) / Images : Gallica
Georges Boillot, l'air jovial et détendu et son mécanicien Prévost, sur Peugeot Type EX3, pour la France
(4 cylindres, 5,65l de cylindrée, 125 à 130 HP, 16 soupapes). Il s'agit de l'évolution
de la L76 qui a obtenu de grands succès en 1912. Pour la petite histoire, ces Peugeot ont été mises
au point par l'équipe des "Charlatans", composée de Paolo Zucarrelli, de Jules Goux, de Georges Boillot pour les pilotes,
et du très discret ingénieur Ernest Henry. Equipe "à part", ils disposaient de locaux situés hors
des usines Peugeot / Images : Gallica
Dario Resta, qui semble un peu crispé, et son mécanicien Harrisson, sur Sunbeam Type Grand Prix d'Amiens,
pour l'Angleterre et l'Irlande (110 HP max/6 cylindres/12 soupapes) dont le moteur a été mis au point par l'ingénieur
français Louis Coatalen (voir photos plus bas) / Images : Gallica
Albert Guyot et son mécanicien Seeuws, sur Delage Type Y pour la France
(120 HP max/4 cylindres/12 soupapes). Sur la dernière photo, on se rend compte
de l'ensemble des opérations que le mécanicien devait assurer au cours de la cours
et des nombreux témoins à surveiller... / Images : Gallica
Sigurd Hornsted, au visage amusé, et son mécanicien Caerells, sur Excelsior pour la Belgique
(4 cylindres pour 5 litres de cylindrée). La voiture ne comporte pas encore son numéro 11 / Images : Gallica
Fernand Gabriel et son mécanicien Mongeot, sur Th. Schneider pour la France (4 cylindres, 8 soupapes, 120 HP max.).
Images : Gallica
H. Pope et son mécanicien Aldertella sur Itala pour l'Italie (4 cylindres, 7,85l de cylindrée) / Images : Gallica
Jules Goux, la raie impeccable, et son mécanicien Begin, sur Peugeot Type EX3, pour la France
(4 cylindres, 5,65l de cylindrée, 125 à 130 HP, 16 soupapes) / Images : Gallica
Jean Chassagne, avec et sans casquette, et son mécanicien Mitchell, sur Sunbeam Type Grand Prix d'Amiens,
pour l'Angleterre et l'Irlande (110 HP max/6 cylindres/12 soupapes) dont le moteur a été mis au point par l'ingénieur
français Louis Coatalen (voir photos plus bas) / Images : Gallica
René Champoiseau et son mécanicien Taclin, sur Th. Schneider pour la France (4 cylindres, 8 soupapes, 120 HP max.).
Images : Gallica
Antonio Moriondo, au visage si juvénile que la rumeur voudrait qu'il soit en réalité une femme (!)
et son mécanicien Foresti, sur Itala pour l'Italie (4 cylindres, 7,85l de cylindrée) / Images : Gallica
Delpierre et son mécanicien M. Marronet, sur Peugeot Type EX3, pour la France
(4 cylindres, 5,65l de cylindrée, 125 à 130 HP, 16 soupapes) / Images : Gallica
Kenelm Lee Guinness, à l'élégance toute britannique, et son mécanicien M. Cook, sur Sunbeam Type Grand Prix d'Amiens,
pour l'Angleterre et l'Irlande (110 HP max/6 cylindres/12 soupapes) dont le moteur a été mis au point par l'ingénieur
français Louis Coatalen (voir photos ci-dessous) / Images : Gallica
L'ingénieur français (breton) Louis Coatalen pose fièrement dans la Sunbeam n°19 de Lee Guiness
au côté du mécanicien M. Cook. Son parcours professionnel très riche lui a permis de briller
dans le monde de l'automobile et de la compétition. Voir l'historique de la firme Sunbeam / Images : Gallica
René Thomas, à l'allure de bon-vivant, et son mécanicien M. Benblant, sur Th. Schneider
pour la France (4 cylindres, 8 soupapes, 120 HP max.) / Images : Gallica
Tout le monde est prêt : pilotes, mécaniciens, staff technique, commissaires de course... public !
Samedi 12 juillet.
Nous approchons les 5 heures du matin, heure du départ. Vers 4h15, les pilotes ont accès à leur voiture et c'est un cortège de voitures tirées par des chevaux qui s'avance vers la piste. Un commissaire part en reconnaissance sur le circuit car une épaisse brume persiste et diminue très largement la visibilité. Vers 4h45, le verdict du commissaire est rendu : il faut repousser le départ à 5h30. Les voitures attendent en marge de la piste, moteur coupé. D'ailleurs, le moteur ne sera lancé, pour la plupart des voitures, qu'au dernier moment (vers 5h20) afin de ne pas diminuer prématurément la réserve de carburant... Les Sunbeam ont rempli le réservoir d'eau chaude pour un meilleur démarrage, ce qui évite de faire tourner le moteur pour la montée en température du circuit d'eau.
La rentrée de la Peugeot de Boillot / Image : Gallica
2 vues très intéressantes de la file des voitures en attente du départ. La brume y est bien visible !
Image : Gallica
Juste avant le coup de sifflet, je vous propose la une du 12 juillet de notre quotidien local, le Progrès de la Somme. Au delà du rappel du contexte du Grand Prix, vous y lirez comment l'auteur de l'article, Henri Sonnet, arrive à la conclusion que c'est Goux sur Peugeot qui doit remporter la course des voitures (c'est croustillant !).
Une description du circuit fort intéressante fait suite, où l'on détaille les aménagements réalisés (coupe d'arbres, bas-côté, élargissement, bétonnage...). Les essais n'ont pas dégradé la route, mais les "milliers de voitures de touristes" l'ont un peu abîmée.
Enfin, la route de raccordement et sa conception, le village officiel et les tribunes sont évoqués.
Si vous possédez un exemplaire de ce journal, je suis intéressé à publier la suite de cet article dont je n'ai pas de copie.
Attention : jpg de 6 Mo ! Source : Archives de la Somme
A 5h30, le départ est donné et les concurrents s'élancent avec 1 minute d'intervalle :
Caillois (n°1), premier à partir / Image : Gallica
Bablot (n°2) et Nazzaro (n°7)/ Image : Gallica
Bablot cale sur la ligne de départ et il faudra 2 grosses minutes au mécanicien pour remettre
le moteur en route. Croquet (n°6) rencontre un problème de carburation et perd du temps.
Boillot (n°8) et Guyot (n°10)/ Image : Gallica
Gabriel (n°12), Chassagne (n°15) et Champoiseau (n°16) / Image : Gallica
Delpierre (n°18) et Thomas (n°20)/ Image : Gallica
Thomas (n°20) n'est pas encore parti que Caillois (n°1) termine déjà son premier tour en 19 mn et 5 sec.
Puis Boillot (n°8) boucle dans la foulée son premier tour en 16 mn et 39 sec ! Parti en 8è position,
il a déjà doublé 6 concurrents durant ce 1er tour !
Je ne vais pas ici détailler l'ensemble de la course et vous renvoie vers le livre de Pierre Bou qui présente avec détail les chronos, les incidents et le classement au fil de la course. La presse fera également des récits complets et détaillés. Néanmoins, je vous propose une série de photos commentées prises durant la course dans l'article suivant.
[Partie 1] [Partie 2] [Partie 3] [Partie 4] [Partie 6] [Partie 7] [Centenaire-2013]